- gruyer
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⇒GRUYER, adj. et subst. masc.DR. FÉOD.I. — Adj. Seigneur gruyer. Seigneur qui bénéficie d'un droit d'usage sur les bois de ses vassaux. (Dict. XIXe et XXe s.).II. — Subst. masc. Officier royal ou seigneurial des eaux et forêts, chargé de juger en première instance les délits commis dans les bois ou sur les rivières dont il a la garde. En 79, nous [Louis XI à Maître Olivier] vous avons fait gruyer de la forêt de Senart, au lieu de ce pauvre Jehan Daiz (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 510).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1247 gruier féod. (RUNK., p. 44); 1718 seigneur gruyer (Ac.). Prob. d'un gallo-rom. grodiarius, de même sens, dér. de l'a. b. frq. grôdi « vert (subst.) », cf. l'a. h. all. gruoti « id. », de la famille de l'all. grün « vert ». Cf. aussi verdier « officier des eaux et forêts », également formé sur le nom de la couleur. En lat. médiév., gruarii est attesté dès 1218 (DU CANGE, t. 4, p. 118a).
DÉR. Gruerie, subst. fém., dr. féod. a) Privilège royal ou seigneurial sur les bois. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Juridiction des eaux et forêts; p. méton. lieu où s'exerce cette juridiction; ressort de cette juridiction. Donner une assignation à la gruerie, pour raison de dommage de bestiaux dans les bois (Ac. 1798-1878). C'est avec fondement qu'on attribue à la gruerie, dans bien des cantons, la cherté du bois, le dépérissement des bois (Doc. hist. contemp., 1789, p. 35). La capitainerie des chasses de Fontainebleau, de Vincennes, de Royal-Monceau, de la gruerie du parc de Boulogne (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 98). — []. Att. ds Ac. 1694-1878. — 1res attest. a) 1261 (Doc. ling. de la France, série fr., Haute-Marne, 128, 3), b) 1509 (Nouv. coutumier gén., éd. C.A. Bourdot de Richebourg, t. 3, p. 741); de gruyer, suff. -erie; en lat. médiév., gruaria, griaria est attesté dès 1153 au sens a (NIERM.).
BBG. — BRÜCH (J.). Etymologisches. Z. fr. Spr. Lit. 1925, t. 48, pp. 116-119.1. gruyer [gʀyje] n. m. et adj. m.ÉTYM. 1247; probablt d'un gallo-roman grodiarius « maître forestier », lui-même du francique grôdi « ce qui est vert ». P. Guiraud préfère l'étymon lat. crudarius « relatif à ce qui est brut, non cultivé (crudus → 1. Gruau) »; cf. l'anc. franç. cruière « jachère ».❖♦ Histoire.1 N. m. Officier préposé aux délits commis dans les forêts.1 (…) un gruyer, ou juge des délits forestiers (…)Taine, les Origines de la France contemporaine, Ancien Régime, I, t. I, p. 33.2 En 1355, une fosse située à Corberon (Côte d'Or) était placée sous la surveillance des forestiers et des gruyers; elle permit de piéger quatre loups et trois louves en une seule année.Claude-Catherine et Gilles Ragache, les Loups en France, p. 188.2 Adj. m. Qui avait droit de juridiction forestière (⇒ Gruerie). || Seigneur gruyer.❖DÉR. Gruerie.————————2. gruyer [gʀyje] adj. m.ÉTYM. D. i.; de grue.❖
Encyclopédie Universelle. 2012.